La Résistance Juive

Les Maquis : Le maquis de l’Armée juive

A l’hiver 1943, l’AJ constitue, dans la Montagne Noire, ses premiers maquis pour la formation de combattants venant des fermes dispersées de Blémont et Fretteserpes ainsi que d’autres recrutés à Toulouse, Grenoble, Lyon et Limoges. Certains d’entre eux s’entrainent afin de rejoindre la Palestine par la frontière des Pyrénées. Un officier de carrière, Jacques Lazarus déchu par les lois de Vichy, assure la responsabilité et la formation militaire du maquis de Rec près d’Albi.
Coll. Mémorial de la Shoah / CDJC
Le maquis de l’Espinassier
De gauche à droite : Jean-Jacques FRAYMAN,
Jacques LAZARUS, PATRICIA, Henri BRODER,
Pierre LOEB et Albert COHEN.
Coll. Mémorial de la Shoah / CDJC
Après avoir fait mouvement de Biques à Lacaune, le maquis de l’AJ s’installe en avril 1944, dans le sud du Tarn à l’Espinassier. Là, il s’intègre au début de juin 1944 aux maquis de la Montagne Noire sous la responsabilité du lieutenant Leblond (Levy-Seckel) de l’Armée Secrète. Au même moment, l’A.J. prend le nom d’Organisation Juive de Combat.
Les maquisards juifs sont regroupés dans le peloton Trumpeldor avec à leur tête, Raoul Léons, Pierre Loeb et Henri Broder . Leur uniforme comporte une épaulette bleue et blanche. Le peloton bleu-blanc participe aux nombreuses escarmouches sur les grandes voies de communication où les Allemands sont signalés. Le 20 juillet 1944, le peloton bleu-blanc affronte la grande offensive de la Wehrmacht sur les maquis du Tarn, parcourant plus de 100 kilomètres pour échapper à l’encerclement.





Ils se regroupent à partir du 17 août et participent aux actions destinées à empêcher le repli ennemi. C’est ainsi qu’à Saint-Pons (Hérault), ils anéantissent une colonne allemande et s’emparent d’un important matériel.
Les combats provoquent des pertes, aggravées par plusieurs arrestations d’agents de liaisons telles que celle de Régine Knout à Toulouse, abattue le 22 juillet 1944.
 
nom:lazarus
prénom:jacques
date:1916-*
Groupe Résistant:ARJF
 
Jacques Lazarus est né le 2 septembre 1916 à Payerne en Suisse. Militaire de carrière, il est exclu de l'armée en application des dispositions de la législation antijuive du gouvernement de Vichy. Au retour d'un déplacement à la frontière espagnole, où il a contacté un passeur pour rejoindre les Forces françaises libres, il rencontre en février 1943, à Lyon, où il réside, Ernest Lambert, un ancien condisciple de l'Ecole de travail israélite de Strasbourg, qui le persuade de rejoindre les rangs de l'Armée Juive. Rapidement, celle-ci le charge de donner des rudiments d'instruction militaire aux jeunes résidant en zone d'occupation italienne, notamment à ceux du Mouvement des jeunesses sionistes. Il s'installe à Grenoble. En octobre 1943, il conduit le premier groupe de jeunes de l'Armée Juive au maquis du Rec (Tarn). Il est chargé dans les mois suivants de l'inspection régulière du maquis de l'Armée Juive autonome, qui se déplace dans le Tarn en fonction des circonstances.

C'est au cours d'une de ces visites, en mars 1944, qu'il récupère un parachutage allié lâché par erreur dans la région de Paulinet (Tarn). Accompagné de deux camarades de l'Armée Juive, Reine Roman et Régine Knout, il assure quelques jours plus tard le transport de Castres à Toulouse d'une partie des armes que contenait ce parachutage. Dans l'intervalle, l'Armée Juive a été mise en contact avec un nommé Charles Porel qui se présente comme un agent de l'Intelligence Service pouvant aider l'organisation en vue de la mise sur pied d'une unité juive dans le cadre des armées alliées.

En juin 1944, l'Armée Juive charge Jacques Lazarus de se rendre à Paris pour mettre au point les modalités d'un accord. Il est arrêté le 17 juillet 1944 avec son camarade, le Rabbin René Kapel, dans une voiture censée les conduire à un terrain d'envol pour l'Angleterre. Ils sont emmenés le lendemain au siège de la Gestapo, au 180 rue de la Pompe. De nombreux dirigeants de la section parisienne de l'Armée Juive tombent dans le guet-apens tendu par Charles Porel, en réalité Karl Rebhein, agent de l'Abwehr. Emprisonnés à Fresnes, ils sont transférés sur ordre d'Aloïs Brunner le 11 août 1944 au camp de Drancy, où ils sont enfermés dans deux chambres faisant office de prison. Jacques Lazarus est déporté avec ses codétenus le 17 août 1944 par le convoi des 51 otages, le dernier à quitter la gare de Bobigny. Il s'évade de ce convoi avec plusieurs de ses camarades, et, quatre jours plus tard, il regagne Paris. Il retrace son action dans le cadre de l'Armée Juive dans un livre témoignage, "Juifs au combat", publié en 1947 par les éditions du CDJC.
Convoi 79.