La Résistance Juive

Les mouvements : Les Eclaireurs Israélites de France (EIF)

Coll. Mémorial de la Shoah / CDJC
Edmond FLEG (à gauche) avec
Robert GAMZON
Coll. Mémorial de la Shoah / CDJC
Fondateur des EIF en 1923, Robert Gamzon amène le Comité directeur du mouvement à se préoccuper dès la crise de Munich en 1938, de l’évacuation des enfants EI hors des centres urbains. Ainsi, la ferme Ecole de Saumur est ouverte accueillant dans un premier temps, des réfugiés juifs allemands fuyant l’antisémitisme.
En septembre 1939, les cadres des EIF sont mobilisés sous les drapeaux. Parallèlement, comme les autres mouvements de scoutisme, aux moissons ou à l’accueil des réfugiés juifs allemands fuyant l’antisémitisme.
Dès septembre 1939, Denise Gamzon réussit à ouvrir trois, puis au total, cinq maisons recevant des enfants EI, évacués des centres urbains mais également, de nombreux jeunes juifs de nationalité étrangère. Ainsi, les centres de Villefranche de Rouergue et Saint Affrique (Aveyron), Saint Céré (Lot), Beaulieu sur Dordogne (Corrèze) et Moissac (Tarn) où s’établit le secrétariat national sont ouverts. Après l’armistice, les EIF renforcent alors leurs structures, nommant des commissaires rémunérés consacrant leur temps au fonctionnement du mouvement. Ceux-ci parcourent la France afin de relancer l’activité des EIF, organisant des stages de formation pour les animateurs. Vingt-six groupes sont ainsi créés dans des villes de la zone sud.






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Secrétaire général des EIF,
Simon Levitte réunifie
les différentes tendances
des mouvements de jeunesse
sioniste au sein du MJS,
en mai 1942. Il suscite la
création d’un service clandestin
du MJS possédant son propre
réseau en zone sud sous le
nom de code Education Physique.
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A Paris, les EIF créent un patronage regroupant près de trois cents jeunes qui se réunissent, une fois par semaine, rue Vauquelin, avenue Secrétan et rue Claude Bernard. Lors de la rafle de l’été 1942, les animateurs tentent de porter secours aux enfants et familles juives menacées.

A Moissac, Simon Levitte crée un centre de documentation diffusant du matériel pédagogique aux EIF (chants, fiches techniques, cours par correspondance) ainsi qu’aux cadres des mouvements de jeunesse. Une bibliothèque itinérante est également créée. Simon Levitte est aidé par Samy Klein, détaché par le Consistoire comme aumônier. Dans les maisons d’enfants qui, en août 1940, ne sont plus que deux (Moissac et Beaulieu sur Dordogne), parmi les 270 enfants, plusieurs dizaines viennent des camps de Gurs et Rivesaltes. Le but de ces maisons est de faire vivre, dans des conditions normales, des enfants séparés de leurs parents, grâce à la méthode scoute, avec en guise de formation professionnelle, une initiation au travail rural et artisanal.

















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LAUTREC 1943, fabrication des pains azymes.
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Enfin, sont créés des chantiers ruraux, Lautrec, près de Castres, Charry (Tarn) et Taluyers (Rhône) axés sur le travail de la terre, toujours dans l’optique EI.
Les EIF jouent dans un premier temps, la carte de la légalité entretenant des relations avec les représentants des ministères de Vichy et intégrant l’UGIF en décembre 1941. En zone sud, les EIF poursuivent leur action sous l’appellation de « quatrième direction jeunesse ».
Les EIF participent avec l’OSE aux équipes d’internés volontaires dans les camps. A Rivesaltes, sont créées des unités scoutes, à Gurs, l’équipe d’interné tente d’arracher des libérations d’enfants.

Dès les rafles de l’été 1942, les EIF évacuent les enfants étrangers dans des maisons d’enfants. Ils participent également à l’évacuation des 108 enfants de Vénissieux libérés par l’OSE, avec l’aide de l’abbé Glasberg et de la Cimade.

A l’été 1942, le service social des jeunes (SSJ) est mis en place. Il a pour nom de code clandestin, la Sixième, du nom de la 6e division de la 1re direction de l’UGIF.
Fabrication de faux papiers, placement des enfants, passages de frontières (Suisse principalement, et Pyrénées) pour les familles et ceux qui veulent rejoindre Londres ou la Palestine. La sixième travaille en totale collaboration avec le réseau du MJS, éducation physique, le réseau de l’OSE, le réseau Garel et le réseau de Joseph Bass.
Après la dissolution de la 4e direction jeunesse occupée par les EIF en zone sud, le mouvement bascule dans la clandestinité, intensifiant le sauvetage et bientôt la lutte armée.
 
nom:gamzon
prénom:robert
date:1905-*
Groupe Résistant:ARJF
 
Robert Gamzon est né le 30 juin 1905.
Ingénieur ESE, il est le père de Daniel et Lilette Gamzon. A la veille de la guerre, Robert Gamzon, fondateur des Eclaireurs israélites de France, en est le commissaire national. Il les dirige pendant toute l'Occupation. Officier du génie, il particpe en 1940 à la destruction du central téléphonique de Reims pour qu'il ne tombe pas aux mains des Allemands ; il est alors décoré de la Croix de Guerre. Après la défaite, il arrive à Clermont-Ferrand et rejoint le centre de Moissac que les Eclaireurs Israélites de France viennent de constituer pour abriter les enfants après l'Exode. Pour les jeunes, il crée des écoles rurales à Lautrec, près de Toulouse, puis à Charry, près de Moissac, et à Taluyers, aux environs de Lyon. Dès le début de l'internement des Juifs à Gurs, il y envoie des jeunes cheftaines comme assistantes sociales. Elles apportent aide et réconfort aux internés et facilitent les évasions. Inquiet pour l'avenir des Juifs, Robert Gamzon se rend régulièrement à Vichy, où il essaie d'obtenir des aides diverses. Il est prévenu des rafles imminentes dans les maisons des EIF et peut planquer les jeunes, surtout étrangers, qui sont concernés par les arrestations. La situation devenant de plus en plus dangereuse, il participe à la création de la branche clandestine des EIF, la Sixième. Celle-ci a permis le sauvetage de milliers de jeunes grâce au service social et au service des faux papiers. Le service social aide les juifs en détresse physique, morale ou pécuniaire, et le service de faux papiers permet aux Juifs en danger de changer d'identité et ainsi de sauver leur vie. Fin 1943, sous le pseudonyme de capitaine Lagnes, il organise la Résistance militaire des EIF et participe à l'Organisation juive de combat.

En mai 1944, il donne aux jeunes de plus de 18 ans le choix : participer au travail clandestin en ville, monter au maquis, ou partir en Espagne pour rejoindre la Palestine. Robert Gamzon prend la direction de la section armée du maquis EIF de Vabre et le nomme "compagnie Marc Haguenau" (ancien éclaireur tué par la Gestapo en janvier 1944). Le maquis reçoit de nombreux parachutages et est attaqué par la Wehrmacht, dans la nuit du 7 août 1944 ; il y a 7 morts : 3 Juifs, dont Gilbert Bloch, et 4 non Juifs. Les maquisards se dispersent et se réunissent à nouveau le 18 août. La nuit suivante, ce maquis, en coordination avec un autre groupe de la région, attaque entre Mazamet et Castres un train allemand chargé de 4 canons et de munitions. Au matin du 19 août, le capitaine allemand responsable du convoi se rend aux maquisards. Ces derniers font 60 prisonniers allemands, ce qui permet de libérer les villes de Castres et de Mazamet. Robert Gamzon est cité par le colonel Dunoyer de Segonzac pour ce haut fait. Il est nommé capitaine des Forces françaises de l'intérieur dès la Libération, mais une très grave blessure en service commandé l'empêche de partir à la tête de la compagnie Marc-Haguenau qui affrontera de durs combats en Alsace.
Survivant.