Les Juifs dans la résistance intérieure

Combat

…[Né de la fusion, décidée en novembre 1941, des groupes Liberté et Libération nationale, le Mouvement de Libération française est rapidement connu sous le nom de Combat, titre de la feuille clandestine dont le premier des 59 numéros imprimés dans la clandestinité paraît en décembre. Egalement implanté en zone nord (avec Robert Guédon et Pierre de Froment) où il donne naissance à Ceux de la Résistance (dirigé par Jacques Lecompte-Boinet), il est le plus efficace des mouvements de la résistance non communiste de zone sud, devançant Franc-Tireur et Libération-Sud. Cette situation tient au fait que les dirigeants de Combat sont déjà sortis, quand la fusion intervient, de la phase balbutiante de la résistance des premiers temps et qu’ils ont d’emblée conçue une organisation élaborée. ]

...[Constitué à parité de dirigeants de Liberté (François de Menthon, Pierre-Henri Teitgen, Alfred Coste-Floret) et de Libération nationale (Henri Frenay, Claude Bourdet, Maurice Chevance), le comité directeur de Combat ne tarde pas à être dominé par Frenay et ses camarades, parmi lesquels Berty Albrecht qui a joué un rôle clé dès le début et Jean-Guy Bernard, secrétaire général du mouvement. ]
…[L’activité à tous les échelons est scindée en trois secteurs : les services généraux (faux papiers, service social, logement, liaisons, finances), les affaires politiques (Recrutement-Organisation-Propagande, renseignement, propagande-diffusion, Noyautage des Administrations publiques, groupes d’études), les affaires militaires (groupes francs, Armée secrète, maquis, Résistance-Fer, Service des opérations aériennes et maritimes). Dans cet ensemble, le journal est essentiel : il est la voix, la vitrine en même temps que le grand recruteur du mouvement. ]

…[L’année 1942 consacre le fort développement de Combat. Ses dirigeants multiplient les contacts aves leurs homologues de Franc-Tireur et de Libération-Sud en vue d’un rapprochement auquel Jean Moulin, parachuté début janvier, travaille avec constance.)
…[L’œuvre d’unification est achevée avec la constitution du Conseil national de la Résistance qui se réunit, dans Paris occupé, le 27 mai 1943. ]
…[Parallèlement, au printemps 1943, le chef de Combat, appuyé par d’Astier, accuse Moulin de vouloir une Résistance unie aux ordres, et conteste l’autorité et la compétence du général Delestraint, chef de cette armée secrète dont Frenay a été le créateur. ]
... [Le chef historique de Combat quitte la France en juin pour Londres, puis Alger où il est nommé commissaire aux Prisonniers, Déportés et Réfugiés du CFLN en novembre. A cette date, Combat, le plus puissant des mouvements, s’est fondu dans la Résistance intérieure unifiée, même si ses cadres, à commencer par Claude Bourdet, continuent à y jouer un rôle important. ]
…[Les souvenirs publiés par quelques-uns de ses dirigeants, immédiatement après guerre (Bénouville) ou dans les années 1970 (Frenay, Bourdet, d’Aragon), ont également contribué à donner une place de choix à Combat dans la mémoire de la Résistance.]

Dans Dictionnaire Historique de la Résistance
Robert Laffont
Paris,
pp.117-118-119

Voir aussi :

Benjamin Crémieux - Léo Hamon
 
nom:Crémieux
prénom:Benjamin
date:*-1944
Groupe Résistant:Combat
 
Détaché par le ministère de l'instruction de 1920 à fin 1940 au service de la presse étrangère du Quai d'Orsay, Benjamin Crémieux se rend en Suisse au début 1941 pour une série de conférences à Lausanne et à Genève sur l'histoire de la N.R.F. dont il est membre depuis 1920.A l'issue de cette série de conférences, Benjamin Crémieux choisit de rentrer en France au lieu d'émigrer en Amérique car la terre de France lui « colle aux pieds».

A la mi-1941, il retourne dans sa ville natale de Narbonne, puis s'installe en mars 1942 à Toulouse. Il y établit des contacts avec la Résistance locale, et quelques semaines plus tard, cosigne avec Marc Bloch, un projet de protestation contre l'U.G.I.F. A partir de juillet 1942, il entre dans la clandestinité.

Son fils, Francis Crémieux, l'a mis en contact avec le mouvement Combat. Sa première mission consiste à monter un service d'espionnage à Vichy, où il a beaucoup de connaissances. Il est très vite repéré par la police et un mandat d'arrêt est lancé contre lui. Il se rend alors à Marseille où, sous une nouvelle identité (M. Lamy) il dirige le NA.P. (Noyautage des Administrations Publiques créé fin 1942) et le service de renseignements de Combat. Arrêté par les Allemands à Marseille, en avril 1943, il est interné et torturé pendant un mois à la prison Saint-Pierre à Marseille, puis transféré en tant que résistant à la prison de Fresnes. Considéré alors comme juif, il est transféré à Drancy et déporté individuellement de Compiègne à Buchenwald, le 23 janvier 1944, où il meurt le 14 avril 1944.