Les Juifs dans la résistance intérieure

LIBÉRATION

Libération Nord

…[Libération-Nord est une des grandes organisations de résistance de zone nord, créée par Christian Pineau à la fin de 1941. Le mouvement, force antivychissoise et antinazie, se constitue autour de l’équipe des signataires du Manifeste des douze (15 novembre 1940), formée des syndicalistes du Comité d’études économiques et syndicales : neuf confédérés (Oreste Capocci, Léon Chevalme, Albert Gazier, Eugène Jaccoud, Robert Lacoste, Pierre Neumeyer, Christian Pineau, Louis Saillant et Victor Vandeputte) et trois syndicalistes chrétiens (Maurice Bouladoux, Gaston Tessier et Jules Zimheld) Les travaux de ce comité sont régulièrement publiés dans un bulletin, dont l’activité légale sert de couverture au journal clandestin Libération-Nord (1er décembre 1940). ]
…[Le journal constitue l’activité initiale primordiale, moyen de contrer les propagandes allemandes et vichyssoises mais aussi de sonder l’opinion, afin de rassembler les énergies et de rallier les individus par des consignes générales de combat. Sa diffusion, artisanale, bénéficie des filières socialistes et syndicalistes. ]
…[L’originalité du mouvement Libération-Nord, dont la naissance est annoncée dans Libération du 30 novembre 1941, tient au fait qu’il se veut l’expression de l’union des tendances non communistes de la CGT, de la CFTC et de la SFIO clandestines. ]
... [Depuis le retour de Christian Pineau – premier représentant de la Résistance intérieure parti à Londres -, le mouvement Libération-Nord se trouve dès le printemps 1942 sous influence socialiste, avec à sa tête Henri Ribière, la direction du journal étant confiée à Jean Texier. ]
... [Début 1943, le mouvement commence à organiser des groupes armés sous l’impulsion de Jean Cavaillès et sous la direction du colonel Zarapoff. Représenté au Conseil national de la Résistance mais soucieux de conserver son identité, le mouvement refuse sa participation aux Mouvements unis de Résistance, en décembre 1943, et, suivant les mots d’ordre socialistes, investit les Comités départementaux de Libération. ]

Dans Dictionnaire Historique de la Résistance
Robert Laffont
Paris,
pp.125-126

Libération-Sud

…[A l’automne 1940 à Clermont- Ferrand, où est repliée l’université de Strasbourg, un noyau de résistance naît de la rencontre fortuite d’individualités brûlant du désir de « faire quelque chose. » Le journaliste Emmanuel d’Astier de la Vigerie, qui cherche en vain depuis sa démobilisation, en juillet, des bonnes volontés pour entreprendre une action, y fait la connaissance de trois fortes personnalités décidées à en découdre et qui s’accordent avec lui sur la nécessité de marquer leur refus du cours qu’ont pris les événements depuis le 17 juin 1940 : Jean Cavaillès, ancien cacique de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm et étoile montante de la philosophie, Lucie Aubrac, ancienne militante des Jeunesses communistes et agrégée d’histoire, et le banquier Georges Zérapha, l’un des fondateurs de la Ligue inter nationale contre l’antisémitisme. ]
... [Ce minuscule noyau, qui a pour nom La dernière colonne, décide d’abord, sur la suggestion de D’Astier, de châtier par des attentats ciblés les chantres de la collaboration, comme Horace de Carbuccia ou Henri Béraud.)
…[Peinant à recruter, le groupe tente un coup d’éclat en réalisant, avec de maigres troupes, un collage simultané d’affiches dans la nuit du 27 au 28 février 1941 dans huit villes de zone sud.) …[Aboutissement logique de la chaîne qui est allée des inscriptions aux tracts en passant par les papillons, l’idée de faire un journal s’impose vite.
En juillet 1941, le premier numéro de ce journal clandestin paraît sous le titre de Libération. ] …[Le groupe, qui se signale immédiatement par une opposition radicale au gouvernement de Vichy et à son chef, franchit ainsi un palier décisif : La dernière colonne s’efface devant Libération. ] …[Le groupe trouve par ailleurs des renforts décisifs grâce à Emmanuel d’Astier qui obtient l’appui de Léon Jouhaux pour la Confédération générale du travail et de Daniel Mayer pour le Comité d’action socialiste. Parallèlement Libération-Sud entre en contact à l’été 1941 avec Libération nationale (dirigé par Henri Frenay) et Liberté (dont les chefs sont Pierre-Henri Teitgen et François de Menthon. ]

…[En 1942, Libération se dote de services distincts (action politique, faux papiers, groupes francs, propagande-diffusion, secteur paramilitaire, service social) et monte en puissance : les régions et les départements s’organisent, les réseaux de diffusion s’étoffent, des recrues de qualité intègrent sa direction. Tel est le cas du communiste Pierre Hervé, du socialiste Maurice Cuvillon, du jeune polytechnicien apolitique Serge Ravanel ou encore du journaliste Pascal Copeau, qui succédera à d’Astier en 1943 quand ce dernier sera appelé à Alger aux fonctions de commissaire à l’intérieur.

Envisagée dès la fin de 1941, discutée sous la férule de Jean Moulin en 1942, amorcée par la création en novembre d’un comité de coordination, la fusion intervient finalement en janvier 1943 quand Combat (né de la fusion entre Libération nationale et Liberté), Franc-Tireur et Libération-Sud forment les Mouvements unis de Résistance. Seuls les acteurs de la propagande-diffusion échappent à cette fusion. ] …[Ces responsables issus des rangs de Libération-Sud (Pascal Copeau, Pierre Hervé, Maurice Kriegel, André Malleret) occupèrent d’importantes fonctions dans les régions et au sein des organes de direction de la Résistance unifiée en 1943 et 1944. ]

Dans Dictionnaire Historique de la Résistance
Robert Laffont
Paris,
pp.126-127-128

Parmi les fondateurs de Libération...

nous citerons également Jacques Brunschwig dit Jean Bordier, Albert Kohan et Raymond Samuel Aubrac.
 
nom:aubrac
prénom:samuel ou raymond
date:1914-*
Groupe Résistant:FFI
 
Issu d'une famille juive aux ancêtres polonais, Raymond Samuel est ingénieur des Ponts et Chaussées.

En 1939, il effectue son service militaire comme sous-lieutenant du Génie à Strasbourg. En décembre 1939, il épouse Lucie, jeune agrégée d'Histoire. Fait prisonnier, avec son unité, en juin 1940, Raymond Samuel, s'évade de l'hôpital de Sarrebourg grâce à la complicité de sa femme. Le couple s'installe alors à Lyon à l'automne 1941. Ils sont parmi les organisateurs du mouvement Libération. Raymond dit Balmont, puis Aubrac devient responsable de l'action militaire pour le mouvement Libération Sud. Il organise un noyau de l'Armée Secrète en coordination avec son chef le général Delestraint.

Le 15 mars 1943, l'arrestation d'un agent de liaison provoque celle d'Aubrac. Incarcéré à la prison Saint-Paul à Lyon, avec deux de ses adjoints, Valrimont et Ravanel, il est libéré après que sa femme ait menacé le procureur de représailles. Il participe aux discussions pour la création des M.U.R. en juin 1943, avec Jean Moulin. Il est arrêté à Caluire, le 21 juin 1943, en même temps que Jean Moulin, lors de la réunion qui devait amener la désignation du successeur du chef de l'A.S., le général Delestraint, lui-même appréhendé par la Gestapo. Incarcéré sous le nom de Claude Hermelin, il s'évade grâce à une action du groupe Franc de Libération mise au point par son épouse. Après un passage à Londres et à Alger, il est nommé en août 1944, Commissaire de la République à Marseille.